Virginie Baumgartner              

Le champs d'investigation de ce travail est l'univers de la femme. Mon projet aborde l'image d'une féminité naïve et ravissante.

Je plonge volontairement ces femmes au coeur de leurs souvenirs de petites filles, les mettant en scène dans des décors enchanteurs et magiques tirés de contes de fées réinterprétés.

Le conte de fées, petite histoire que l'enfant écoute avec admiration avant de tomber dans les bras de Morphée, invite au monde fantastique du rêve et pourquoi pas de l'absurde. Mon dessein, de prime abord enfantin, est de concrétiser ces mythes parfois trop stéréotypés par le biais de l'humour et de l'ironie. L'innocence n'étant plus, elle fait place au recul.

Ces images n'auront peut-être pas de sens pour celui qui ne croit plus aux princes et princesses, j'ai cependant l'intime conviction qu'elles pourraient réveiller de lointains fantasmes oniriques chez le lecteur. Ces contes sont universels, c'est pourquoi je n'ai pas eu besoin de les suivre à la lettre. C'est plus le sentiment qu'ils dégagent qui m'a interpellée. Toutefois, il est vrai que certaines tournures peuvent revêtir un côté obscur, angoissant, obsessionnel ou phobique. Je cite pour exemple la naïade, cloisonnée dans son bocal, ayant une peur morbide du pseudo requin prêt à la dévorer; ou encore l'infidèle se libérant de sa culpabilité d'un souffle sur les fragiles bulles-alcôves desquelles elle est prisonnière; de même cette jeune enfant se faisant prendre au piège lors du dangereux passage au monde adulte... telle la Belle au bois dormant. Toutes les femmes que j'ai représentées se situent à un moment charnière de leur vie.

Chacune des images se pare d'une couleur dominante, définissant l'atmosphère qui environne le sujet. Dans les reflets qui se posent comme miroirs, un espace délirant relevant de l'illusion se créé. La pièce devient ainsi un petit palais de glace à l'apparence dépourvue de réalité.

Un fort contraste est contenu dans chacune des images; il est composé de binômes tel que la légèreté et le sérieux, la liberté et le cloisonnement, la femme-enfant et la femme-objet. Cependant mon travail ne se veut ni moralisateur ni rigoriste, mais suggestif. Certes, il pose une question, mais libre à chacun d'y répondre; vous souvenez-vous d'avoir été l'un de ces héros mystérieux au pays de l'innocence perdue?

Par exemple Alice baignée dans une forêt de figures féminines. Elle délaisse la Papesse, métaphore d'une sexualité latente, au profit de l'Impératrice, allégorie du plaisir sexuel. Le tarot permet d'apprendre à mieux se connaître au travers d'arcanes aléatoires et hasardeuses, l'interprétation est propre à chacun, n'est-ce pas ici le propre du conte de fées?